De natura rerum
Ils ont une drôle de tête, ces petits personnages de Petra Werlé. C’est sûr, ils ne sont pas humains. Aucun humain n’aurait l’idée farfelue de se vêtir de coquillages et de plumes.
Ils n’ont même pas de chair sur les os et la taille d’un gros frelon, module étrange sorti de Dune.
Regardez-moi celle-là couver son œuf avec son sourire en pointillé de coccinelle… Non mais où est-ce qu’elle se croit ? Un escargot en guise de coiffe et ces moules en guise de plastron… C’est d’un ridicule, la mode, cette année, laisse franchement trop à désirer.
Ecoutez divaguer ces aliens :
Oh là là… Aujourd’hui ce n’est pas le jour : foi de libellule, au sortir de la manucure, mon chapeau de bernard l’hermite me pèse.
Qu’est-ce qu’il est beau ! Je m’appuie sur mon tutu et lui fait mes iris de grande roue.
Miam, miam… Qu’est-ce que c’était bon, j’ai trop mangé… Nom d’un champignon, je suis rond comme une lune de miel à son zénith.
Je suis sorcière gourmande dans les fonds sous-marins en route vers les feuillages qui jamais ne se fanent. Monsieur, m’accorderez-vous cette danse ou dois-je d’un sort bien ajusté remonter vos bretelles de coraux ?
Dans cette étrange fantasmagorie le roi du Siam, marionnette dressée aux oripeaux de fleurs tigrées, interroge les cieux pour savoir qui aimer.
Coléoptères, hélicoptères, mon bébé bien calé, je vole vers le futur que murmurent les vents.
C’est l’hiver aquatique, les petits vont s’endormir dans leur grotte de nacre… Mais nous, mais nous, mais nous… Nous allons nous réchauffer au feu de nos ardeurs. Petits coquins, dormez la vie rêvée des elfes s’abat sur vos paupières.
On cause, on cause, on cause, que de salive perdue… Point ne sert de causer, il faut papillonner à point et lutiner le temps à patte de velours.
Non, ils ne sont pas de chez nous, les petits personnages de Pétra Werlé avec leurs sourires plus large que la mer, ils nous feraient croire que le bonheur se cache dans la mie de pain.
Lélia Mordoch