Les minuscules pendules de la grande Histoire

Par Vincent Bâtonnier

Si l’on demande à Pétra Werlé: « Comment vous situez-vous dans l’histoire de l’art? », elle répond: « Ce n’est pas mon problème! »... Et pourtant, cette suite de pendules qu’elle vient de réaliser, n’est-ce pas une façon de tout remettre à l’heure? Mais qu’importe. Ce qui l’intéresse dans l’immédiat, c’est de triturer la mie de pain.

« J’ai commencé à triturer la mie de pain, il y a il cela une vingtaine d’années. Elle s’est présentée à moi. Je n’ai rien décidé, rien choisi. Elle m’a plu et a décidé de mon destin. Je me suis laissé faire. Je laisse entrer le hasard dans ma tête, je ne décide pas de grand chose. Maintenant, elle est ma vie, je l’aime, elle rythme mes jours. C’est une petite et douce matière. Je me fonds en elle. Ce ne sont que des miettes qui m’absorbent et me donne de la puissance, mais je ne sais pas où cela va me mener. La mie de pain me rend libre, elle m’expédie en moi-même et dans le cosmos où je navigue et me déploie en silence. L’atmosphère y est bonne. L’art, c’est parfois, dans son ciel, une rencontre avec une âme. J’aimerais m’étirer et encercler la terre entière avec mon corps »(1) Et c’est ce qu’elle fait avec cette série d’œuvres : se fondre dans le minuscule pour mieux embrasser l’immensité du temps et de l’espace éternel.

1. Extrait d’un entretien avec Marie Morel publié dans Regard n°79 - Juin 2002 01600 Le Petit Abergemen.

Vincent Bâtonnier
© ARTENSION
septembre-octobre 2004 n°19

Principales expositions :
Galerie Treger - Paris (2000-2002). Musée des Beaux - Arts - Tourcoing (2001). Abbaye aux dames - Saintes (2002), Galerie Singulière - Forcalquier (2002). Galerie Lillian Andrée - Bruxelles (2002), Galerie Dettinger - Lyon (2003). Galerie Du Rat Mort - Ostende (2004). Galerie Béatrice Soulié - Paris (1999-2000-2001-2002 (Art Paris) -2004).